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Les Pages de l'Olivier

17 novembre 2006

C'était implicite...

Sans_titre_2Je n’étais pas le genre de petit renfermé ni ouvert ; j’étais là..Quand on avait besoin de moi ou de ma compagnie, on venait me trouver..Quand j’avais besoin d’aide ou de compagnie, je tâchais d’en trouver..Plus tard, j’ai entendu des gens parler d’amitié, de recherche de vraie amitié, d’ami de confience et d’autres choses de ce même goût..On me demanda si je n’avais jamais eu un meilleur ami..J’ai répliqué « non » et du coup, on me prit en pitié et m’inculqua le caractère de « solitaire »…

A un certain moment, j’y ai profondèment réflechi ; n’avais je point d’amis ? ..Non ! J’en avais..Et j’en avais plus que n’importe qui de ceux qui me prenaient en pitié…Mieux ! Tous mes amis étaient des meilleurs amis…

C’est moi qui les pris en pitié après ; ils devaient chercher le concept de l’amitié..Nous, nous l’avions dans nos pensées et cœurs comme une chose instincive..

Je n’ai jamais pensé à l’amitié parce que pour nous, c’était quelque chose d’aussi présent que l’air ; avez-vous déjà pris le temps de penser à l’air qui vous entoure et de voir ce qui peut bien vous y rattacher plus solidement ?

Encore aujourd’hui, quand la Petite me parle d’amitié, je souris en mon for intérieur ; elle n’est pas méchante..Elle comprend la valeur profonde de l’amitié et l’avait dans le sang..Mais le fait de fréquenter des gens qui ne connaissaient point cette vertu en son sens propre l’avait fait douter peut être…Je ne sais pas…

Souvent, je me trouvai d’une façon ou d’une autre avec d’autres êtres de mon âge..La plupart du temps, on parlait assez sérieusement et les rares fois ou l’on riait, c’était de quelques petites anecdotes assez amères..je ne dis pas que toute la descendance des pierres rit commem ange le caviar, mais les êtres avec qui je m’entretenais étaient toujours soit plus grands d’âge, soit plus grands d’experience…Je n’en avais point conscience à l’ époque mais après, en y réflechissant…

J’avais un ami..On appelait le Boiteux sans aucune méchanceté, et lui ne le prenait point mal ; je pense que de nos jours, la susceptibilité est le point fort des gens à cause de l’absence de vrais liens sentimentaux entre les gens ; Si ton ami handicapé savait que tu disais cela par amitié, pour l’encourager et sans arrière-pensée, penses tu qu’il en sera fâché ?..je ne sais pas mais le nôtre ne s’est jamais fâché pour cela…

Le Boiteux était proche d’une mine qui a choisi ce moment pour exploser (un homme y avait marché)..Il avait perdu un peu de son pied et perdit un bout dejambe après pour grave infection..Quoiqu’il en soit après, il utilisait deux béquilles pour marcher, puis, par nécessité de course, une seule..Il était devenu très habile à la béquille ; non simplement il savait courir bien plus vite que les plus jeunes à cloche-pied mais il était fort pour atteindre des buts en lançant la béquille et frapper avec la béquille…Et oui ! Avant la béquille ne le quittait pas à cause de son handicap, à présent parce qu’elle était son outil à-faire-tout…

Le Boiteux lui avait même donné un nom « Mikdame » et en prenait bien soin même pendant les fêtes...Quand je lui tenais compagnie, il préférait toujours rester debout accoudé à sa béquille et parler en fixant n’importe quoi sauf les yeux de son interlocuteur…J’avoue en avoir été gêné au début ; je comprends les gens par leurs yeux et donc fixe toujours leurs prunelles…Celui-là les tenait bien à l’écart et résultat : je ne savais plus s’il plaisantait ou parlait sérieusement quand il parlait…Je souriais toujours avec un sourire ironique pour être à mi-chemin de toutes les impressions qu’il avait tout en me parlant..Et lui me disait toujours que j’étais un bien intelligent frère mais que par moments, j’avais l’air de quelqu’un sans cerveau…

Boiteux n’avait ni père ni mère puisque les deux ont eu la veine d’aller au Paradis pendant ses six ans mais en oubliant un petit truc derrière eux, le Boiteux…On parlait beaucoup de cela..le Boiteux disait souvent « qu’il avait raté l’autobus parce qu’il n’avait pas assez de monnaie angélique »..Moi je pensais qu’il voulait voir ce qu’il laisserait avant de mourir…C’est un peu bête de fuire son héritage du monde sans même le connaître ; en le connaissant au moins, on pourrait le modifier afin que notre descendance puisse le trouver plus allégé au moins…N’est il point ?

Boiteux semblait toujours enervé, toujours sarcastique et toujours prêt à la bagarre ; il était le seul qui sache faire rire un peu, le seul à ne pas s’être bagarré et était opitimiste..Quant on parlait des martyrs de la famille, je me souviens bien qu’il disait souvent

-« Grande Volonté Divine ! Faites de  moi un Martyr politique !!»

Dommage que le Fléau ne l’avait pas laissé commencer son chemin ; je pense que Boiteux aurait fait un bon résistant politique avec ses analyses et ses predictions de troisièmes volet de guerres Salibis contre les ennemis de notre religion…

Inutile de dire que je l’aimais, ou que je le respectais ou qu’il avait une valeur particulière pour moi…je me trouve même nigaud à avoir écrit cette première phrase ; ces choses-là doivent être très très implicites..Mais les mots ont complètement dénaturé notre language..A présent, une personne ne croit que vous l’aimez que quand vous le lui dites avec votre bouche…

Aurait-on oublier que faire bouger la bouche nécessite beaucoup moins de muscles que de faire battre son cœur ?

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25 octobre 2006

Le livre en chacun..

Quand j'étais petit, que je résidais encore dans mon village et que j'allais à l'école, je me portais volontaire quand je le pouvais pour les tâches ménagères ou routinières de la classe (laver le sol, effacer le tableau, distibuer les livres, nettoyerles étagères...etc etc)... Le maître me récompensait alors en me prêtant un des livres de la bibliothèque de l'école; seuls les dernières années pouvaient les emprunter, et moi, je me disais que si la Volonté divine avait décidé que je mourrais bien avant d'atteindre la dernière année, alors il fallait les lire maintenant...

C'est comme cela que je suis arrivé à ce pacte avec mon maître d'école; je nettoie la classe, et il me prête un livre...

Ce fut ainsi jusqu'à ce qu'on apprit par des voyageurs que le fléau se dirigeait vers nous...Or, l'école se situait à l'entrée du village; ce sera le premier batîment à être détruit..Non point simplement parce qu'il était le premier sur la route mais ,aussi parce qu'il était un lieu de savoir et d'apprentissage..Et le fléau voyait en nous des barbares analphabètes qui doivent rester analphabètes pour être des proies plus faciles....

Je n'avais même pas lu le quart des livres de la bibliothèque, et j'avais entendu dire que le maître avait annoncé qu'il ne quitterait pas l'école, et qu'il y mourrait s'il devait en être ainsi...

Et les livres?..je pensais que c'était le dernier de ses soucis...

Le concierge m'avait un jour dit les yeux écarquillés que ce serait vraiment une perte tous ces livres qui seront enterrés sous les décombres...

On n'enterre pas le savoir, en tout cas, pas ici; ce fut ainsi à une certaine époque mais sur un autre continent..Pas ici!

Les livres n'étaient pas à moi; je voulais conserver leur savoir pour en jouir dans les heures de ma vie...J'ai alors décidé d'en apprendre un par coeur, et de sommer chaque élève qui le pouvait d'en faire autant...

A l'école et pendant notre "enfance" de grands (la descendence des pierres n'a jamais connu de vraie enfance..On naît grand et on meurt sage), le concept d'ami ou de meilleur ami n'existaient pas chez nous; on avait mieux..."Mon frère" et "ma soeur"..On pouvait se confier à n'importe qui d'entre nous, parler à n'importe qui d'entre nous et demander de l'aide à n'importe qui d'entre nous..Il n y'avait pas de groupe ni de couple...On était un seul bloc, une seule pierre mais avec d'innombrables âmes...

Les grands furent d'accord; chacun d'eux emprunta un livre..Moi et quelques camarades de classe avions nettoyé quasiment toutes les classes et avions obtenu des livres...Plus que le demi de la bibliothèque allait être sauvé dans nos têtes...

J'appris le livre d' "Ali Baba et les quarante voleurs"; écrit à l'ancienne et qui faisait plus de 200 pages...

La nuit, quand je me suis endormi, moi qui ne rêvais jamais et faisais des cauchemars sans même savoir que ce sont des cauchemars puisque les limites de la peur étaient très poussés chez moi,.. j'eus un drôle de songe; j'étais accroupi derrière un dattier à épier la venue des quarante voleurs..Ils arrivèrent; leur chef était notre maître que Dieu ait pitié de lui, et leur butin n'était que des livres, des livres et encore des livres...

Après le "Sésame ouvre-toi!", ils entrèrent et j'entrai à leur suite; le maître me remarqua et descendit de son beau étalon blanc..Il m'attira vers l'intérieur tandis que les voleurs empilaient les livres sur d'autres piles déjà présentes..La grotte était envahie de livres, que de livres, de livres et encore des livres...

J'appréciai le spectacle et étrangement je n'avais pas peur; les cimeterres des voleurs étaient des épées en bois comme on en confectionnait, nous les gamins, quand on voulait jouer à Salah Din Al Ayoubi...Le maître me montra un voleur qui passait à proximité; c'était une femme

-"Elle, c'est "Calila et Dimna", la fille d'Ibn Al Mokafaâe..Tu veux lui parler?"

J'étais surpris, je lui ai demandé si chaque voleur était un livre, et dans ce cas, pourquoi les livres empliés n'étaient pas des voleurs..Il m'a répondu simplement en me mettant "Ali Baba et les quarante voleurs" entre mes mains...

-"N'importe quel humain peut être un livre, mais aucun livre ne peut être un homme...Tu as ton histoire; elle est un livre, ton autobiographie, et tu la comprends, tu t'en souviens...Si tu venais à lire celle d'un autre, tu pourrais peut être la comprendre mais pas t'en souvenir..Tu garderas le livre avec toi au cas ou..;dans ta bibliothèque..."

-"Si le savoir pouvait être volé mon fils, alors ce n'est pas un savoir!"

La grotte disparut et je me réveillai doucement au chant d'un rossignol...Le soleil venait d'apparaître; je réflechis aux paroles de mon maître...

Que suis-je en train de faire?..j'ai appris un livre!...Mais est ce comme ça que j'acquerai le savoir qu'il contenait..??

Je fus pensif durant la matinée; "Ali Baba et les quarante voleurs" contenait tant de moral; c'est du savoir...Le reste, ce que j'ai appris, n'est qu'une espèce de corps éphèmère destiné à préserver la morale et à la faire parvenir..Si je l'ai comprise, si je suis arrivé à la lanterne au bout du chemin, pourquoi donc garder la carte de la route?...

Je ne lésine pas les détails; je donne de l'importance à ces petites choses qui rôdent...

Peut être que c'est la raison pour laquelle j'ai appris le livre...

Mais ce que m'a dit mon défunt maître, je ne l'avais jamais su...

Plusieurs jours après, le fléau était aux portes de notre village; personne ne l'avait quitté pourtant...Il avait bel et bien détruit une aile de l'école, celle avec le plus de classes...Il ne veut pas simplement détruire le savoir, mais détruire aussi ceux qui le portent, qui le feront perpétuer, et qui feront perpétuer les idéaux et le peuple...

Le directeur avait réussi à convaincre le maître de quitter le batîment; il lui avait dit que les élèves avaient besoin de lui pour continuer notre apprentissage, quitte à le faire sur le sol brut et en plein air...

Il avait donc pris les livres avec lui; chacun de nous se trouva affublé d'un récit dans son esprit et moi, en mon for intérieur, je déplorais mon maître; il avait pris les livres alors que leur savoir devait être dans son esprit..Peut être qu'il les avait pris pour les donner à d'autres enfants, je ne sais pas..je ne lui ai jamais demandé..Et je déplorais le fléau; le pauvre croyait qu'en détruisant un corps éphèmère, il détruirait ce qu'il abritait...

Ce qu'il abrite sera toujours dans les esprits et ne sera jamais perdu

25 octobre 2006

Et le fléau s'abattit sur nous...

 

 

Quand on parle de fléau, on pense à la maladie, et plus exactement à la peste; cette damnation qui détruit toute âme sur son passage après lui avoir fait endurer des souffrances qu'elle-même ne mériterait pas...Ce mot: "la peste", fut toujours un très mauvais présage..On fuyait le pays qui en était ravagé, on barricadait les villages déjà infestés et on brûlait tous corps contaminés...Les rats étaient les véhiculeurs de cette maladie; résidants de la pourriture et de la saleté humaine, ils ramenaient des canivaux et égouts primaires tout ce que les hommes ne voulaient pas voir au-dessus du sol...

Chez moi, sur mon sol, sur celui de mon lamentable petit peuple, des rats ont ramené un fléau..Mais, jamais on avait délaissé nos canivaux, jamais on avait omis un rendez-vous chez le médecin..Les rats venaient d'un autre pays, et le fléau de toute part...

Je suis de ذرية الحجارة

...la descendence des pierres...

Parce que seules les pierres ne pouvaient être infestées par le fléau...Non point car elles n'avaient ni âme ni d'esprit, mais tout simplement parce qu'elles avaient de la volonté, de la résistence et un désir ardu de survivre et mieux!...De combattre le mal qui s'était abattu sur des terres du paradis perdu sur la planète...

Aujourd'hui encore, je me rappelle de mon Eden lointain; je m'en rappelle telle une mère vierge et violée..La mienne...Et que j'aurai abandonnée à la merci de ce fléau sans pitié.. Mais qui, quand même, avait pris une pierre et une branche cassée d'un olivier, et se serait battue jusqu'à la fin pour ne plus rester la proie de ce mal....

On dit que les plus terribles morsures dont un humain puisse être affligées sont ceux de l'homme...Non point d'un animal ou d'une bête mais de l'homme...

Alors, que penser d'un fléau qui n'est point maladie biologique, mais en fait, une salve humaine, une rangée d'âmes qui veulent dévaster, exterminer, tout détruitre, et ...Ô ironie! Rayer tout un peuple de la carte!

Je suis la descendence des pierres, j'ai trouvé l'olivier de mon ancien verger de mon ancienne maison cassé..Mais je n'ai pas voulu qu'il soit mort pour rien, tout comme tous les enfants de mon lamentable petit peuple si vaillant...Alors j'en ai fait des pages, non pour parler du maintenant, car le maintenant est conté par tant d'humains, ...Mais de l'avant, quand j'étais encore dans mon Eden, lorsque l'olivier donnait encore des olives et que le fléau était à ses milieux....

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  • La vérité n'est pas les paroles larmoyantes et touchantes que prononce une bouche hypocrite en mettant une intonation de faux regret dans la voix.... La vérité est le silence des yeux qui essaient de cacher la dure et âpre existence mais n'affichent que le
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